Fédération des médecins de pratique privée du Québec

Pourquoi le modèle de santé québécois pourrait changer le système de santé canadien pour de bon

Extrait de l’article, traduit :
” Partout dans le monde, les systèmes de santé sont confrontés à des défis d’accès, d’efficacité et de viabilité. Au Canada, le débat entre les soins publics et privés est particulièrement intense, et c’est particulièrement évident au Québec. La province compte le plus grand nombre de médecins exerçant hors du système public au pays, mais ils ne représentent que 2 % de l’ensemble des médecins. Au lieu de vilipender ces professionnels, les décideurs politiques devraient se demander : quelles leçons pouvons-nous tirer de ce modèle pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous ?”

Traduction de l’article complet :


Partout dans le monde, les systèmes de santé sont confrontés à des défis d’accès, d’efficacité et de viabilité. Au Canada, le débat entre les soins publics et privés est particulièrement intense, et c’est particulièrement évident au Québec. La province compte le plus grand nombre de médecins exerçant hors du système public au pays, mais ils ne représentent que 2 % de l’ensemble des médecins. Au lieu de vilipender ces professionnels, les décideurs politiques devraient se demander : quelles leçons pouvons-nous tirer de ce modèle pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous ?

 

L’expérience du patient ne se résume pas à de simples temps d’attente.

 

Les discussions autour de la réforme des soins de santé portent souvent sur les coûts et la disponibilité des services, mais un aspect fondamental est systématiquement ignoré : l’expérience patient. Dans le système public, la satisfaction des patients est rarement mesurée et encore moins priorisée. Les temps d’attente ne sont qu’une partie du problème : les patients sont également confrontés à un manque de choix, à un contrôle limité sur leurs soins et à un sentiment général d’être perdus dans un système bureaucratique et impersonnel.

Ceux qui optent pour les soins de santé privés au Québec ne le font pas simplement pour éviter les files d’attente ; ils le font pour être vus, entendus et traités avec dignité. Ils veulent avoir le contrôle sur leurs décisions en matière de santé. Ils ne rejettent pas l’universalité des soins de santé ; ils réagissent à un système qui n’a pas réussi à fournir des soins rapides et centrés sur le patient.

 
 

L’exode des travailleurs : un signe avant-coureur, pas un échec politique

 

Les critiques affirment que les soins de santé privés affaiblissent le système public en détournant ressources et personnel. Mais cet argument ignore la réalité : les professionnels de santé ne quittent pas les hôpitaux publics par appât du gain. Ils partent parce qu’ils se sentent sous-estimés, épuisés et incapables de fournir la qualité de soins pour laquelle ils ont été formés.

Restreindre les soins privés ne forcera pas ces professionnels à réintégrer un système défaillant ; cela ne fera que limiter les choix des patients et détériorer davantage la qualité des soins pour tous. Au lieu de considérer les soins de santé privés comme une menace, les décideurs politiques devraient s’attaquer aux causes profondes du départ des professionnels : des conditions de travail inadéquates, des charges administratives excessives et un manque de ressources.

Le public et le privé peuvent travailler ensemble, si nous les laissons faire.

  

De nombreux systèmes de santé performants dans le monde, y compris en Europe, intègrent avec succès les options publiques et privées. Ces systèmes garantissent un accès rapide aux soins tout en préservant les principes fondamentaux d’équité et d’accessibilité financière. Au lieu de s’en remettre à un modèle monopolistique défaillant, le Québec et le Canada dans son ensemble devraient envisager des réformes qui encouragent la collaboration intersectorielle.

Par exemple:

  • Les incitations fiscales pour les dépenses de santé privées pourraient contribuer à alléger le fardeau financier des patients tout en réduisant la pression sur le système public.
  • Les modèles de pratique hybrides qui permettent aux médecins de travailler dans les deux secteurs pourraient empêcher la fuite des effectifs tout en augmentant l’accès des patients.
  • L’assurance privée pour certains services, comme c’est déjà le cas pour les soins dentaires, la physiothérapie et la santé mentale, pourrait être étendue à d’autres domaines de soins.
 
 

Recadrer le débat : un appel au pragmatisme

 

Le débat sur les soins de santé privés au Canada est souvent présenté comme une lutte entre la « médecine à but lucratif » et le « bien public ». Cette fausse dichotomie ignore le véritable enjeu : garantir des soins rapides et de qualité à tous les patients.

 
 

La question n’est pas de savoir si les soins de santé privés devraient exister – ils existent déjà. La question est de savoir comment les intégrer plus efficacement pour renforcer l’ensemble de notre système.

Le Québec a l’occasion de montrer la voie en réinventant un système de santé qui respecte le choix des patients tout en préservant l’accessibilité et l’équité. Au lieu de s’accrocher à des batailles idéologiques, il est temps d’adopter des solutions pragmatiques, centrées sur le patient et qui conviennent à tous.

Jean Paul Brutus  est chirurgien de la main.